Un bilan de la construction
Le bâtiment est la troisième source d’émission de monoxyde de carbone après le transport et l’industrie. Nous pouvons rendre la construction plus responsable en agissant au niveau du choix des matériaux selon leur mode de fabrication et sur leur mise en œuvre.
Jusqu’à la fin des années 30, le bois et la pierre régnaient en maîtres. Et hors des villes, le bâti traditionnel utilisait encore le torchis – paille, chanvre, terre et chaux. Au cours des années 50 à 70, la reconstruction a rassemblé les moyens techniques lourds et jugés les plus efficaces pour répondre aux besoins de logements : ciment, granulats de carrières, produits métallurgiques pour les armatures La filière construction structurée durant ces années s’est confortablement installée dans une économie du minéral totalement en déphasage avec les pratiques précédentes. Cette évolution vers le tout minéral, qui en très peu de temps, s’est généralisé sur le globe, demande une importante énergie grise pour produire le ciment, produire les aciers, exploite les ressources non renouvelables en carrières et impose une infrastructure considérable pour répondre au besoin du marché au meilleur coût.
A l’heure où la stratégie nationale bas carbone de la France vise la neutralité carbone du secteur du bâtiment en 2050, les matériaux biosourcés tels que le bois, le chanvre, la paille, la ouate de cellulose ou la laine de mouton, etc. représentent un atout précieux pour décarboner la construction. La neutralité carbone correspond à notre capacité collective à émettre moins de CO2 couplée à notre capacité à développer les écosystèmes captant du CO2. Les matériaux biosourcés captent le carbone nécessaire à leur croissance et contribuent ainsi à la diminution « du stock total » de gaz à effet de serre (GES). Ils apportent un bénéfice sur le changement climatique, en tant que puits carbone.
La norme RT2012 favorise les économies d’énergie par l’isolation extrême des bâtiments et une gestion stricte des flux d’air (BBC). La future RE2020 va plus loin et s’engage sur un autre terrain. Au-delà du concept de bâtiment passif, la norme prévoit une évolution vers le bâtiment à énergie positive (BEPOS) devant produire plus d’énergie qu’il n’en consomme.
Le groupe de travail RBR 2020/2050, mandaté par le « Plan bâtiment durable », indique dans ses recommandations : « Élargir le champ de vision au-delà de l’efficacité énergétique, se préoccuper non seulement de l’énergie positive mais aussi d’autres critères tels que le cycle de vie, l’empreinte carbone, la biodiversité, la santé et le confort » (rapport #3 « Cap sur le futur Bâtiment responsable » Sept 2014).
Ces matériaux se caractérisent également par des qualités techniques en termes de qualité l’air intérieur et d’inertie thermique qui sont un atout de taille pour la préservation du confort d’été de nos habitations. Le changement climatique, déjà à l’œuvre, nécessitera de plus en plus de se protéger du chaud en été encore plus que du froid en hiver. L’emploi d’isolants végétaux à fort déphasage thermique contribue à réduire les besoins en refroidissement, en climatisation et donc à réduire les besoins en énergie. Cette frugalité en équipement va se traduire par une économie sur les coûts d’équipements et d’entretien.
Rapidement, les tenants de la construction biosourcée ont tiré l’alarme : trop d’énergies fossiles consommées, trop de matières non renouvelables extraites du sous-sol ou du lit des rivières. Mais, depuis quelques années, trois principaux arguments viennent réveiller ces vieux slogans : primo, les informations sur les tensions répétées sur les marchés du sable ou des granulats ; deuzio, la mise en évidence au niveau mondial de l’impact de la construction au regard du changement climatique, car construire en béton est une activité très émettrice de gaz à effet de serre ; tertio, le formidable volume de déchets de la construction et leur caractère non-renouvelable, non réutilisable.
Naturellement, ce sujet du biosourcé pose des nombreuses questions fondamentales. Quid de l’assurabilité, de la normalisation de la mise en œuvre, du calcul des constructions … L’engouement traduit cependant une démarche qui va bien au-delà d’une stérile dénonciation du tout-béton. Trois ans après « l’état de la connaissance sur le coût des matériaux biosourcés dans la construction » réalisé par le Cerema en partenariat avec la DREAL Bretagne, il est évident des leviers existent pour maîtriser les coûts des opérations et avancer vers la généralisation de ce type de matériaux même si l’argument financier est souvent avancé comme un frein.
Le contexte réglementaire en pleine évolution (loi ELAN de novembre 2018, la future réglementation thermique et environnementale RE 2020) invite à suivre l’évolution des matériaux biosourcés dans la construction, et c’est encourageant !!!
ThotHestia, c’est vivre ensemble dans le respect de chacun, en accord avec notre environnement. C’est construire sans détruire.